Le cheval est un animal herbivore et son système digestif est adapté à une ration de fourrages (c'est à dire graminées et herbes), fraîches ou sous forme de foin ou ensilage. Les fourrages grossiers sont riches en cellulose et le cheval en a besoin à la fois pour la production d'énergie et comme composante structurelle qui assure un fonctionnement correct du système digestif. Pour simplifier, on peut diviser le système digestif du cheval en deux parties. Dans l'estomac et l'intestin grêle tout d’abord, nous trouvons des enzymes qui digèrent l'amidon, les sucres, les protéines et les graisses. Dans la partie postérieure du tube digestif, dans le caecum et le colon, une importante population de microbes (protozoaires, bactéries et levures) aide à décomposer la fraction de fibres hautement digestibles en acides gras volatils qui peuvent être absorbés et utilisés pour la production d'énergie. Chez les chevaux ayant un régime riche en fourrages, une partie importante des besoins énergétiques est satisfaite par les acides gras volatils produits par la fermentation des celluloses digestibles. Bien que la cellulose des fibres alimentaires soit composée de molécules de glucose, leur fermentation aboutit à la production d'acides gras volatils absorbés par la paroi digestive, et pas de glucose. En conséquence, les produits de la digestion des fibres n'affectent pas la glycémie du cheval et la production d'insuline.
Les régimes riches en fibres nécessitent une longue période de mastication, occupent le cheval et allongent le temps de consommation du repas. Ceci est important pour le confort du cheval et son bien-être, et conduit à la production importante de salive, ce qui contribue à réduire le risque d'ulcères gastriques.
Nous considérons qu'une ration pour cheval doit contenir une certaine quantité de fourrage grossier. Dans PC-Cheval nous plaçons l'exigence minimum à 1,5 kg par 100 kg de PV. Lorsque vous utilisez de l'enrubannage, il est nécessaire d'ajuster la quantité consommée en raison d’une teneur en eau plus élevée, pour atteindre l'exigence. Cela se calcule facilement grâce à la formule suivante:
La teneur en cellulose des fourrages varie largement selon les espèces végétales, et aussi de stade de développement. Lorsque les plantes sont récoltées au début de leur croissance, la teneur en fibres n'est pas élevée, mais la valeur nutritive des fibres est à son meilleur. Lors de récolte plus tardive, la teneur en fibres augmente, mais la teneur en lignine augmentant simultanément entraîne une diminution de la valeur nutritive des fibres. Il faut en plus adapter les quantités de cellulose aux différents types de chevaux et à leur activité ce qui implique d’ envisager l’adaptation des fourrages aux chevaux.
Dans PC-Cheval, nous calculons la quantité de cellulose dans la ration en fonction de l'analyse de la cellulose brute. Dans du foin ou de l'enrubannage moyen il y a environ 300 g de cellulose brute par kg de matière sèche (MS) soit 30%. Il sera un peu plus faible pour les coupes précoces et plus élevés pour les coupes tardives.
PC-Cheval définit la limite inférieure pour la cellulose brute dans la ration journalière à
3 g/kg de poids vif (PV) dans les aliments grossier, et 4 g/kg totalement par jour, mais il est toujours mieux de distribuer un peu plus. Cette limite est à peu près équivalente à la quantité de fourrage mentionnée plus tôt.
Il existe plusieurs méthodes pour analyser la cellulose dans les fourrages. Toutes les recommandations de PC-Cheval sont données en fonction de l'analyse de la cellulose brute, et il s’agit de la seule méthode qui devrait être utilisée dans l'analyse de la cellulose. Par exemple, en utilisant le chiffre NDF, qui est couramment utilisé pour le bétail, vous aurez des chiffres deux fois plus élevés qu’avec la teneur en cellulose brute.
Si vous avez été mis en garde contre trop d'amidon dans un repas, vous devez distribuer les concentrés et les céréales dans la ration lors des repas prévus, et augmenter le nombre de repas si nécessaire. Vous pouvez également remplacer une partie des concentrés par des fourrages (foin, enrubannage, pulpe de betterave) de bonne qualité. Ci-dessous vous trouverez plus d’informations sur l'amidon et sa digestion.
L'amidon dans la ration du cheval
L'amidon est un glucide qui se trouve dans les graines de plantes et les racines, comme les céréales ou les pommes de terre, et est une réserve d'énergie pour la plante. A titre de comparaison, les animaux utilisent les matières grasses comme réserve d'énergie. L'amidon est la partie la plus riche en énergie du grain. La teneur en amidon de l'avoine et de l'orge est d'environ 500 g par kg (50% du poids), et est légèrement plus élevée dans l'orge que dans l'avoine.
La digestion de l'amidon chez le cheval
Il est préférable que la plus grande partie de l’amidon soit digérée et absorbée dans l'intestin grêle. L'amidon qui n'est pas digéré dans l'intestin grêle va passer dans le caecum, qui est très grand chez le cheval. Là, l'amidon peut créer des déséquilibres dans la flore microbienne et entraîner une chute du pH et une digestion réduite de la fibre.
La structure chimique et physique de l'amidon varie selon les espèces de céréales. L'amidon de l'avoine est plus facile à digérer que l'amidon de l'orge et du maïs. Cela a une signification pratique pour le cheval parce que le cheval peut digérer plus d'amidon d'avoine dans l'intestin grêle, que les amidons des autres céréales. Lorsque l'orge et le maïs sont traités avec la pression et la chaleur, comme cela est courant lors de la production d'aliments élaborés du commerce, leur amidon devient plus digeste, et se comporte plus comme l'amidon d'avoine dans le tube digestif.
Le glucose est produit lorsque l'amidon est dégradé par plusieurs enzymes dans l'intestin grêle, et le glucose est absorbé dans le sang. Un repas de céréales entraîne en quelques heures des concentrations élevées de sucre dans le sang. Le taux sanguin de glucose est régulé par l'hormone insuline. L’ augmentation de la sécrétion de l'insuline a lieu après un repas, et l'hormone favorise le stockage du glucose sous forme de glycogène dans le foie et les muscles. Le glycogène est une réserve d'énergie importante pour le cheval, et est mobilisé rapidement en cas de besoin, par exemple pendant l'exercice intense et les compétitions.
Les chevaux sont sensibles aux variations du taux de glycémie. Certains chevaux, les poneys en particulier, peuvent avoir des difficultés de régulation de la glycémie (Une forme de résistance à l'insuline). Certains chevaux peuvent aussi être excités si la concentration en glucose du sang augmente rapidement (On dit qu’ils « chauffent »). Il est donc important de considérer la quantité d'amidon que chaque cheval reçoit à chaque repas, lors de la répartition journalière des repas.
Recommandations
En raison de ses propriétés, l'amidon est à la fois une source importante d'énergie de la ration du cheval, et un composant alimentaire qui peut causer des réactions indésirables dans l'organisme. Comme mentionné précédemment, nous ne voulons pas trop d'amidon non digéré rejoignant le caecum. Simultanément, nous ne voulons pas que l'amidon soit trop facile à digérer, car cela entraîne des augmentations excessives du taux de glucose sanguin. Il est donc important d'avoir une idée de la façon dont une ration riche en amidon affecte votre cheval, et comment vous pouvez obtenir un profil de digestion de l'amidon qui concilie les deux effets mentionnés. Avec PC-Horse vous avez un moyen de contrôler que la quantité d'amidon apportée à chaque repas est incluse des limites recommandées.
Pour des chevaux en bonne santé, nous recommandons qu'un seul repas ne contienne pas plus de 1,5 g d'amidon par kg de PV. Cela signifie que d'un cheval de 500 kg ne devrait pas recevoir plus d'environ 750 grammes (0,7 kg) d'amidon par repas. Si on part du principe que les céréales et les mélanges de céréales contiennent classiquement 400 à 500 g d'amidon par kg, vous ne devriez pas donner plus d'environ 1,5 kg de mélange de grains ou de concentré par repas, dans ce cas de figure. Si votre cheval a des besoins énergétiques élevés et reçoit une forte proportion de grains et de concentrés dans la ration, nous conseillons d'augmenter le nombre de repas par jour, ou de modifier l’ordre de distribution des divers aliments, lorsque vous êtes averti que la quantité d'amidon par repas est trop élevée.
Dans PC-Horse, vous pouvez distribuer la ration du cheval en repas individuels. Vous recevrez un avertissement clair lorsque la quantité d'amidon dans un ou plusieurs repas dépasse les limites recommandées. Pour les chevaux qui ont du mal à réguler leur glycémie, ou qui présentent facilement des symptômes de "chauffe", il sera avantageux de fournir moins d'amidon par repas que la recommandation de 1,5 g/ kg de PV. Pour compenser, vous pouvez ajouter de l'huile végétale (voir ci-dessous), réduisant ainsi la quantité de grain ou de mélange concentré dans la ration, sans limiter l’apport d’énergie du cheval.
Des processus physiologiques compliqués sous-tendent les effets sur l'organisme du bilan fourrager cation-anion. Nous avons tenté d'expliquer ci-dessous une partie de la théorie de base. Lisez la suite si vous avez envie d’en apprendre davantage!
L'équilibre acido-basique de l'organisme est affecté par le contenu en électrolytes (en particulier potassium, sodium, chlorure et sulfate ou sulphur) dans la nourriture que nous mangeons. S'il ya un déséquilibre entre la teneur en sodium et en potassium, qui sont des ions positifs, et la teneur en ions chlorure et sulfate, qui sont chargés négativement, l’organisme compense en sécrétant des ions hydrogène (acide) ou des ions carbonate hydrogéné (base) dans l'urine. En conséquence, nous allons constater que le pH de l'urine s'écarte sensiblement de la valeur du pH du sang. Les changements de pH urinaire ont lieu toute la journée et c’est une partie centrale de la régulation de l’équilibre acido-basique du corps.
En analysant la concentration de ces électrolytes dans la ration, nous pouvons calculer l'effet de la ration sur l'équilibre acido-basique de l’organisme.. Le solde (la différence) entre la teneur en ions positifs et négatifs qu'on appelle la balance anion-cation, généralement abrégé BACA. Le solde de cations-anions n'est pas un nutriment, mais un nombre, calculé sur la base des niveaux de sodium, de potassium, chlorure de soufre et (sulfate) dans la ration. La BACA peut être calculée pour un seul aliment, et pour une ration journalière, et est exprimée en milli-équivalents (mEq).
Si la BACA est positive, la ration humaine ou animale contient un excès de potassium et de sodium par rapport au chlorure et sulfate. Une telle ration donnera une réaction alcaline de l'urine, en accord avec ce que nous trouvons chez les chevaux et autres herbivores. Si la BACA est négative, l'animal doit remplacer le déficit relatif de sodium et de potassium dans l'alimentation avec de l'acide (H +), et l'urine devient acide. Les carnivores comme les chiens ont généralement un régime alimentaire avec une BACA négative et, par conséquent sécrètent de l'urine acide.
Les chevaux de sport sont exposés à des charges d'acide importantes au cours de l'activité physique vigoureuse. On croit que les rations avec un effet bénéfique sur l'équilibre cation-anion peuvent aider à amortir une telle charge acide, et ainsi contrer temporairement ses effets sur l’organisme. Il est maintenant de plus en plus commun de fournir des informations sur l'équilibre cation-anion des aliments, et de calculer des concentrés pour chevaux de sport, de telle sorte que la ration totale ait une BACA de 200 à 300 mEq ou plus. Dans PC-cheval vous pouvez garder un oeil sur la valeur BACA de la ration et l'alimentation individualisée. Toutefois, des conseils simples et clairs sur les valeurs optimales de la BACA des rations pour chevaux ne sont pas disponibles dans la littérature. On convient généralement de dire qu'il n'est pas souhaitable d’avoir des rations avec des valeurs négatives de la BACA.
Des rations avec une BACA négative auront des effets préjudiciables tels que la perte de calcium du squelette, en cas d’utilisation sur de longues périodes.